face à l’utilisation croissante de gaz toxiques sur le champ de bataille, causant de terribles blessures, le CICR a lancé un appel public à l’interdiction de leur utilisation. Malgré la controverse entourant la question, l’appel a contribué à l’élaboration du protocole de Genève de 1925 – toujours en vigueur aujourd’hui.
Bataille D’Estaire: des soldats aveuglés par le gaz font la queue à un poste de Premiers secours près de Béthune, le 10 avril 1918. / ©Imperial War Museum Londres / Réf., HIST 3088/25
Les premières armes toxiques sont apparues lors des combats sur le front occidental en 1915. Au cours des deux années suivantes, ces armes ont été largement utilisées par les parties belligérantes. En juillet 1917, près de la ville D’Ypres en Belgique, les Allemands ont utilisé pour la première fois du gaz moutarde; il est ensuite connu sous le nom d ‘ « ypérite » par analogie avec le nom de la ville.
Au début de 1918, le CICR craignait que l’utilisation de ces armes de destruction massive aveugles ne se généralise., Pour freiner cette escalade alarmante des moyens de guerre, il a invoqué les règlements annexés aux Conventions de La Haye de 1899 et 1907 concernant les lois et coutumes de la guerre terrestre, qui interdisent l’emploi d’armes empoisonnées, et une déclaration faite par les États Parties à la Convention de 1899 interdisant l’emploi de projectiles diffusant des gaz asphyxiants.
Le 6 février 1918, elle lance un appel contre l’utilisation de gaz toxiques, destiné à convaincre les belligérants de renoncer à ces armes en vertu d’un accord conclu sous les auspices de la Croix-Rouge.,
en décidant de s’opposer activement aux armes toxiques, le CICR s’engageait dans une nouvelle ligne de conduite qui allait au-delà de l’assistance aux victimes et s’aventurait dans le domaine des méthodes et techniques de guerre. À cet égard, il s’attaque à une question très controversée qui fait l’objet d’accusations mutuelles de la part des États belligérants.
cependant, afin de protéger les victimes de la guerre, le CICR a décidé de poursuivre sa route et de donner une large publicité à ses efforts., Le 8 février 1918, elle envoie le texte de son appel aux monarques et aux chefs d’état des pays belligérants et neutres, aux sociétés nationales, à divers chefs religieux et à la presse.
Le Vatican soutient les efforts du CICR
des réponses encourageantes sont parvenues à Genève, en particulier de la part des Sociétés de la Croix – Rouge danoise, norvégienne et Suédoise, qui ont toutes exprimé leur approbation. Le Vatican a également exprimé son soutien à l’initiative du CICR.
ce succès incite le CICR à faire des représentations auprès des grandes puissances qui restent réticentes., En mars 1918, Édouard Naville, Président par intérim du CICR, et le docteur Ferrière, son Vice-président, se rendent à Paris. Le Président de la République Française, Raymond Poincaré, les informa que les Alliés étaient prêts à publier une déclaration selon laquelle ils cesseraient d’utiliser du gaz à condition que leurs adversaires, Les Puissances centrales, fassent de même.
en mai 1918, les gouvernements de l’Entente envoient au CICR une réponse officielle à son appel du 6 février., Ils y ont déclaré leur soutien à l’initiative du CICR et ont même accepté l’idée d’un accord interdisant l’utilisation du gaz, mais ont attribué la responsabilité de la guerre chimique à l’autre partie.
la réponse du gouvernement allemand est parvenue au CICR le 12 septembre. Après avoir attiré l’attention sur la position qu’elle avait adoptée à la Conférence de La Haye en 1899 en faveur de l’interdiction des armes toxiques et ses protestations contre l’utilisation du gaz sur le front européen, l’Allemagne a accusé à son tour ses adversaires d’être responsables de l’invention et de la mise au point d’armes,
dans ce cas, les mesures prises par le CICR ont été partiellement couronnées de succès; l’impact positif ne se précisera que plus tard. Il n’en reste pas moins que la nécessité d’une interdiction complète des armes de ce type a été officiellement proclamée pendant la Première Guerre mondiale par le CICR, qui a continué à œuvrer en ce sens en sollicitant le soutien des milieux universitaires et militaires et des Sociétés nationales.,
Ce travail devait contribuer directement à L’adoption à Genève, le 17 juin 1925, du protocole pour L’interdiction de L’emploi en temps de guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou autres et de méthodes bactériologiques de guerre. Ce n & apos; était d & apos; ailleurs que la première étape d & apos; une série d & apos; études que le CICR devait ensuite mener sur les armes qui frappent sans discernement – telles que les armes nucléaires et biologiques et les mines terrestres – et qui sont encore aujourd & apos; hui l & apos; une des principales préoccupations du Mouvement International De La Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.